Le rock de boue au festival de Torhout-Werchter | |
Le festival rock, qui s'est tenu ce week-end sur les plaines d�trem- p�es de Torhout et de Werchter, a, une foie de plus, �t� tributaire du mauvais temps. De violentes aver- ses, samedi, ont m�me transform� Werchter en mare � bains de boue d�foulants (notre photo) laissant peu de place � la musique. Celle-ci fut sage et sans folie. Sans surprise ni passion. Comme si cha- que groupe n'avait eu d'autre but que d'accomplir son " boulot ", sans plus. Il est d�cid�ment loin le temps des U2, Simple Minds et Gabriel quand la magie liait public et artis- tes sur une surface exceptionnel- le. Ce week-end, cent vingt mille personnes, essentiellement fla- mandes et hollandaises, sont ve- nues pour se d�fouler sous la pluie et dans la boue. La musique ne serait-elle d�sormais qu'accessoi- re? |
TORHOUT - Ch�re tante Marthe, Je t'�cris ces quelques mots pour te raconter la journ�e super que j'ai pass�e samedi. Comme chaque premier week-end du mois de juil- let, je me suis rendu avec les co- pains � Torhout pour assister au festival de rock. Apr�s avoir gar� la voiture dans un champ de patates situ� � quelque deux kilom�tres du site, on a march� en suivant l'odeur de la bi�re, des frites et des hambur- gers, pour ne pas se perdre. Au fur et � mesure qu'on se rapprochait, le foule devenait de plus en plus compacte. Il y avait des punk, des hippies, des babas cools, des fans de musique, des amoureux, des nostalgiques de Woodstock et aussi des motards moustachus avec des tatouages plein les bras... Mais rassure toi, c'�tait presque tous des gentils qui venaient unique- ment pour s'amuser... et boire un peu aussi. On a commenc� d'abord par s'ennuyer avec Extr�me, un des premiers groupes de hard rock � avoir droit de cit� au festival (si je ne te parle pas des Scabs et de Smashing Pumkins, c'est qu'on est arriv� trop tard pour assist� � leur prestation). Hormis quelques fans qui se pressaient au premier rang, on ne peut pas vraiment dire que le public les a beaucoup appr�ci�s. Il �tait alors 14 heures. Au-dessus de nos t�tes et sous nos pieds c'�tait le d�luge. Il pleuvait des cordes et les 65.000 personnes pr�- sentes n'avaient droit qu'� un pa- rapluie et une casquette Stella Ar- tois pour se prot�ger. Et qu'on ne me parle plus de la plaine buco- lique de Torhout. Je n'ai pas vu une seule touffe d'herbe... Par contre, de la boue, il y en avait par kilo. Au d�but, on faisait attention o� on posait nos sandales. Puis, au fur et � mesure qu'on �tait clach� (je t'avait dit que le public venait ici pour s'amuser), je doit t'avouer qu'on s'en fichait un peu. Comme ces quelques fous fous qui,, profi- tant de deux grandes flaques si- tu�es de part et d'autre de la sc�ne, nous on offert un remake destroy de singing in the rain. |
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Les Red Hot Chili Peppers ont sauv� de la d�bacle le festival de Torhout, o� le public a pu go�ter � nouveau aux d�lices du bain de boue. | ||||
Mais revenons � nos moutons. Apr�s tout, on �tait venu ici pour la musique. Apr�s la d�solante pres- tation d'Extreme, les Hollandais d'Urban Dance Squad nous ont offert un set d'enfer. Leur fusion de rock, de rap et de funk a consti- tu� la premi�re �tincelle de la jour- n�e. Alors que le public r�clamait un rappel, c'est un tout petit mon- sieur qui a d�barqu� sur sc�ne avec une guitare. Son nom, c'est Luka Bloom, et on salue son courage et son audace d'avoir livr� un set acoustique dans la pure tradition rythm and folk. Crowded House, qui succ�dait � Luka Bloom, a bien failli nous ass�- ner �galement un show acous- tique. Leur mat�riel �tant bloqu� sur route de France, c'est finale- ment avec des instruments lou�s dans un magasin flamand qu'ils ont pu jouer. Autant on les avait aim�s � l'Ancienne Belgique, au- tant ils ont d��u � Torhout. Alors, en attendant Lou Reed, on est all� faire quelques emplettes aux stands. on a beau �tre rocker, on |
peut aussi avoir faim comme tout le monde et soif (un peu plus que tout le monde). Las, il a vite fallu d�chanter. devant la tente hot- dogs, un groupe de chahuteurs distutait un match de water-polo et ils ne se privaient pas d'�cla- bousser les affam�s. On a d� se rabattre sur le restaurant qui se trouvait backstage pour d�guster un spaghetti bolognaise - je me souviens des spaghettis, pas de la bologn�se - arros� de quelques pintjes. Lou Reed d��oit Nouvelle d�ception ensuite avec Lou Reed qui a livr� un bien timide show en forme de best of. il s'est fait quelque peu pardinn� cepen- dant en nous livrant une version muscl� de Vicious et de Sattelite of love. Apr�s cette l�gende vi- vante, c'est le futur du rock qui est apparu avec les Red Hot Chili Pep- pers. Ma copine dit que leur leader est le plus beau chanteur rock qui existe. Avec son bermuda moulant sa peau bronz�e et tatou�e, et ses longs cheveux, il faut bien recon- |
na�tre qu'il a de l'allure. Mais ce qui frappe surtout, c'est la dyna- mique de ce groupe qui parvient, avec une batterie, une guitare et une basse martel�e sans arr�t, � jongler avec les rythmes. Ils passent du rock, au rap, ralentissent le tempo par leur hit Under the bridge et relancent la machine de plus belle. Ils ont sans doute sauv� le festival de la d�b�cle. Avec ses 40 millions de Every- thing I do (I do it for you) vendus dans le monde - tu sais, c'est la musique du film Robin des Bois - Bryan Adams n'a plus de souci � se faire pour ses vieux jours. T�te d'affiche de cette seizi�me �dition, Bryan Adams n'est pas venus avec son arc et ses fl�ches mais avec une flopp�e de guitares et d'hymnes rock bien pr�visibles. Mais tu reconna�tras que tout cela est un peu mou pour un festi- val de ce niveau... Luc Lorf�vre P.S. Tante Marthe, pour mon anniver-saire tu peux toujours m'offrir une nouvelles paire de santiags. Les miennes sont fichues. |
Torhout-Werchter 92 | ||
Quel rockeur inventera l'eau chaude ? | ||
Pluie, terrain d�tremp�, oc�an de boue et mar�e humaine : Torhout s'est v�cu dans une atmosph�re lourde | ||
Pour une foie que je n'avais pas regard� les bons conseils d'Andr� Scheevers, la copie non-conforme de Mon- sieur M�t�o, le temps ne sem- blait pas �tre joyeux au-des- sus de Torhout : flotte, flotte et re-flotte au moment m�me o� les Scabs entraient sur sc�ne. Le timides T-Shirt et les splen- dides godasses en daim al- laient d�guster ! Du cot� du public, certains petits �gar� �taient aussi impr�voyants tandis que l'�norme majorit� avait pris ses pr�cautions en s'harnachant d'imperm�ables, de merveilleuses bottes en caoutchouc vert et de " combat shoes " du dernier cri. Vu que les organisateurs avaient jou� la cl�mence des cieux en ou- bliant les b�ches anti-boue, ces petites bottines allaient servir sur ce terrain qui prenait de plus en plus l'eau. DE L'HERBE SOUS LES PIEDS ? La matin�e s'annonce particuli�rement humide. Les Scabs, les Smashing Pumkins et Urban Dance Squad passent sous le douche et les flaques m'en manquent une pour appara�tre ci et l�. Ceux qui avaient pr�vu le coup quittent leur mouchoir de poche d'herbe et commence � faire " splatch-splatch " en rythme. |
La flaque d'� cot� se transforme petit � petit en bassine de boue. Le daim appr�cie ! Mais avec 60.000 loustics et leurs 120.000 petits pieds ner- veux, le terrain souffre. La ga- doue joue les envahisseurs; l'herbe succombe et la m�lasse se paye tout le site. Les pre- miers rangs prennent tout dans les chevilles gr�ce � la pente naturelle qui ram�ne tout vers l'avant. A l'arri�re, le petit " splatch-splatch " sympa fait place � quelques combats improvis�s de catch dans la boue, le tout dans une am- biance bon enfant. Ici, mani- festement, la musique fait par- tie de l'accessoire, on est venu avant tout pour s'amuser, pour danser le pogo au jus de terre et pour se faire des massages bienfaiteurs � l'argiles de Tor- hout. Le daim appr�cie tou- jours ! Jusqu'au cou ? Les sil- houettes de " La Guerre du feu " s'installent partout. Les plus f�l�s ont de la boue jusque dans la culotte, quand celle-ci a tenu le coup ! Les plus sages trempent jusqu'au genou et passent au dernier jeu � la |
mode : le jet de gadoue sur le voisin... Le must consiste � remplir le gobelet de mati�re terreuse et de l'envoyer en- suite sur le type d'en face et si possible, un peu plus loin pour augmenter l'�l�ment de sur- prise. M�me, les Red Hot Chili Peppers s'en souviendront apr�s un tir group� qui fera mouche � plusieurs reprises. Pour Bryan Adams et son tout- terrain, les d�marches sont lourdes; l'herbe a pouss� son dernier cri et la boue s'est �tendue au moindre recoin. La pluie de la matin�e aura court-circuit� une bonne jour- n�e de musique pour ceux qui �taient venu pour �a. L'at- mosph�re lourde de l'apr�s- midi et l'humidit� de la soir�e ach�veront leur patience. Par contre, les guerriers du feu fourbus cherchent la direction de la baignoire et prient les cieux pour qu'un rockeur ait l'id�e d'inventer l'eau chaude. Le daim n'appr�cie plus du tout son bain de pied et se morfond : dans les poubelles, il n'y a jamais d'eau chaude. St�phane LAUWERIJS. |
Crowded House et une formation de... raclettes |
Quand la guitare prend l'eau | |
Rien que de la guitare et de la bonne, voil� ce qu'an- non�ait en substance l'affiche de TW 92. Fallait voir ! Sur le terrain de Torhout, les Scabs ont ouvert joyeusement le tir avec une six cordes bien natio- nale et ont prouv� encore une fois qu'ils restent les seuls gla- diateurs du rock'n roll dans notre plat pays. La guitare al- lait �tre � coup s�r de la f�te. il a fallu vite d�chanter avec les Smashing Pumpkins. Ces jeu- nots de Chicago rempla�aient Pearl Jam en panne de chan- teur. Avec du rock noisy " � la Nirvana " au programme, les Pumpkins ont voulu �pater la galerie. Du coup, la m�lodicit� de l'album " Gish " s'est com- pl�tement �vapor�e au profit d'une lourdeur qu'une attitude " cool-relax " et des fringues hippies n'ont pas sauv�e. Urban Dance Squad �tait sur une m�me longueur d'onde m�tallique et bruitiste. Les Hollandais n'ont pourtant pas craint la rouille en r�ussissant un " stage-diving " au milieu de la foule. Le chanteur de UDS en avait certainement marre de voir d�filer les m�mes Guerriers du feu (voir ci-contre) par dessus les bar- ri�res de protection plac�es de- vant la sc�ne. Le but du jeu consistait � r�aliser un par- cours du combattant, port� � bout de bras par d'autres guer- riers et de recommencer. En r�alit�, ce sont les Red Hot Chili Peppers qui ont assist� au summum de ce petit jeu : le public avait �t� mis K.-O. d�s le d�part par un " Give It Away " hypra-muscl�. Le d�- bordement excessif d'�negie des Chilis aura eu raison de |
l'attention de la foule, qui re- commencera son jeu de l'oie rock'n roll. Leur nouveau gui- tariste semblait d'ailleurs perdu dans cette cocotte-mi- nute. Attention �galement passive pour lou Reed, malgr� un show " greatest hits ". Seuls les titres anciens tels " Sweet Jane " en ouverture et " Vicious " en final r�veilleront quelques passions endormies. La voix terne et le jeu de jambes du Lou avaient de quoi assommer son homme. ECLAIRCIES. Luka Bloom, seul avec sa guitare acous- tique, donnera un petit coup de soleil � cette affiche. Contrai- rement � une image glac�e, le bonhomme n'a eu aucun mal � occuper la sc�ne avec un set chaud, hilare et piquant en rappelant qu'en ce 4 juillet, jour de l'ind�pendance des USA, Bush �tait toujours l�. Crowded House a r�alis� son passage sans pr�tention (avec une reprise de " Message To My Girl " de Split Enz, l'ancien groupe de Neil Finn) malgr� des probl�mes de r�glages-son et de mat�riel rest� coinc� en France? Bryan Adams assu- rera aussi un passage r�ussi et bien carr� qui aura d�conte- nanc� les amateurs de ballade genre " Everything I Do, I Do (Ilars) It For You ". Seul Ex- treme aura cr�e la surprise avec des gars qui savent y faire au niveau du show, le hard- funk pas du tout FM y aidant. Le guitariste Nuno Betten- court s'impose vraiment comme le Eddie Van Halen du 21e si�cle. Torhout aura au moins servi � quelque chose ! St. L. |
Rock'n bouchons | |
C'est bien connu, la vie du musicien en tourn�e, comme celle de son mat�riel, se passe sur les routes. On comprend donc que les bou- chons qui se refusent obstin�- ment � sauter en France pour raison de chauffards ayant pris en grippe quelques poin- �onneurs, causent des pro- bl�mes ardus aux organisa- teurs de concert et au public. Ainsi, ses �clairages et sa sono restant coinc�s au pays du cas- soulet, Bruce Springsteen a- t-il d� se pr�senter � Barce- lone avec du mat�riel de for- tune. Genesis, qui avait d'abord jou� devant une salle quasi vide, a renonc� � deux spectacles ce week end. Cer- tains ont eu plus de chance : comme le rapporte l'AFP, le groupe noir am�ricain Fish- bone a par exemple pu franchir des barrages aux alentours de Saint-Etienne parce que les camionneurs les ont pris pour des basketteurs du Harlem Globe Trotters... De son cot�, Crowded House s'est pr�sent� � Torhout et Werchter avec un autre mat�- riel que le sien. pour �tre s�rs de ne pas manquer ce rendez- vous important pour leur po- |
pularit�, les musiciens �taient � Bruxelles deux jours plus t�t que pr�vu. D'o� la pr�sence du leader Neil Finn au concert de Little Village � Forest Natio- nal, le jeudi 2 juillet au soir. BOSSA'N BOUCHONS. De leur c�t�, les organisateurs du Festival Viva Brasil sont oc- cup�s � s'arracher leurs der- niers cheveux d�j� devenus gris : apr�s avoir annul� toutes les voitures r�serv�es � Paris, il a fallu trouver des trains ou des avions pour acheminer les musiciens. Par la route, le ma- t�riel met lui au moins douze heures pour venir de la capi- tale fran�aise. Quant au groupe Kaoma, il aura sans doute du mal � se remettre de ses m�saventures : vendredi dernier, il devait aller de Lille � Paris pour un passage sur une antenne radio puis re- joindre Blankenberge et s'y produire le soir m�me. Ils ont bien rejoint la c�te belge par un trajet �pouvantable qui leur a pris plusieurs heures, avant de voir leur concert an- nul� pour cause d'orage... Si la nature se met maintenant du c�t� des routiers, o� va-t-on ? Dominique SIMONET. |
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